Origine des sortilèges dans Harry Potter : le Latin
J. K. Rowling, l'auteur de la célèbre saga Harry Potter, s'est inspirée du latin pour donner forme aux nombreuses formules magiques qui peuplent son œuvre.
Les élèves de Poudlard, l'illustre école de sorcellerie, suivent des cours variés pour devenir de véritables sorciers. En botanique avec la professeur Chourave, il s'agit d'avoir la main verte. En salle des potions avec l'obscur Severus Rogue, mieux vaut rester concentré, tête baissée sur son chaudron fumant. Dans la classe de madame Bibine, qui enseigne le vol sur balai, pas de baguette magique. Il s'agit de savoir garder son équilibre! En revanche, les leçons de sortilège dispensés par le lilliputien professeur Flitwick demande avant tout une bonne articulation, un poignet souple… Et certaines bases en latin!
En effet, J. K. Rowling s'est fortement inspirée de la langue de Virgile pour élaborer tous ces sortilèges et incantations
Commençant par les sorts dits de défense ou d'usage quotidien. Le sortilège d'Attraction «Accio» utilisé pour faire venir à soi des objets, signifie littéralement en latin «j'appelle, je fais venir». «Expelliarmus», sortilège de désarmement très utile pour ôter la baguette des doigts de son ennemi, est quant à lui un mot-valise créé par J. K. Rowling à partir de deux mots latins: «expellere», qui signifie «expulser», mêlé au mot «arma», qui signifie «armes». «Expecto Patronus», l'enchantement lancé pour faire apparaître son patronus, un esprit protecteur contre les détraqueurs, créatures qui se nourrissent de la joie humaine, est aussi tiré du latin. Il provient du mot «expecto» pour «j'attends» et de «patronus» qui signifie «protecteur». On peut donc le traduire par «j'attends mon protecteur».
Albus, Sirius et Nimbus
Viennent ensuite les sortilèges d'attaque, tel que le sortilège «Sectumsempra», composé de «sectum» a le sens de «couper» et «sempra», tiré de l'adverbe «semper», signifiant «toujours». Ce sort a été créé par Severus Rogue, et est utilisé pour trancher de l'intérieur des objets ou des êtres vivants… Le sortilège de torture, «Doloris», a lui aussi une origine latine. Son incantation, «crucio» en version originale (langue anglaise), veut dire «je torture». Enfin, le sortilège de l'Imperium qui permet de contrôler totalement une personne, demande l'incantation «imperius». Ce terme vient du latin «imperare» à savoir «imposer, commander».
À partir du latin, l'auteur s'est aussi amusée à créer certaines expressions, comme le célèbre sortilège de lévitation connu depuis les premières aventures de Harry à Poudlard, «Wingardium Leviosa». L'incantation est composée des mots «wing», «aile» en anglais, et «ardium», dérivé d'un mot latin ayant rapport avec les hauteurs, couplés avec le terme «leviosa», dérivé de «levo», qui signifie «je soulève».
Il n'y a pas seulement les sortilèges! J. K. Rowling s'est aussi inspirée du latin pour certains noms de personnages et d'animaux imaginaires. Le prénom du vénérable directeur de l'école de sorcellerie et de l'un des plus puissants sorciers de tous les temps, Albus Dumbledore, est un terme latin. «Albus» signifie en effet «blanc»… Comme la couleur de sa longue chevelure et de son interminable barbe. Le prénom de Sirius Black, parrain de Harry mais aussi chien noir à ses heures perdues, n'a pas non plus été choisi au hasard. En latin, «Sirius» est le nom de la plus grande et la plus brillante étoile de la constellation du Chien. Enfin, «Nimbus», du nom du plus rapide des balais de course et que possède Harry, désigne en latin un nuage d'où tombe la pluie ou la neige.
Il y a aussi des origines araméennes et africaines…
J. K. Rowling ne s'est pas seulement inspirée de la langue de César! Dans le tout premier tome de la saga, Hermione Granger utilise le sortilège de Déverrouillage, «Alohomora», pour ouvrir une porte fermée et échapper au concierge, Rusard. Elle et ses amis, Ron et Harry, découvrent alors le couloir interdit du troisième étage où se trouve Touffu, le chien à trois têtes d'Hagrid. Le mot «alohomora» vient d'un dialecte africain, le sidiki, et est utilisé lors de rituels de géomancie, une méthode de divination. Il signifie littéralement «l'ami du voleur».
Le sortilège mortel «Avada Kedavra» lancé par Voldemort contre Harry Potter bébé, duquel lui est resté sa célèbre cicatrice sur le front, est lui d'origine araméenne. Il signifie stricto sensu: «que la chose soit détruite» et est la version originale de la célèbre formule… Abracadabra!
Mi-juillet, la maison d'édition Bloomsburry a annoncé la publication de deux nouveaux livres tirés de la saga Harry Potter, vingt ans après la parution au Royaume-Uni du premier tome, Harry Potter à l'école des sorciers (Harry Potter and the Philosopher's Stone). Le latin y sera-t-il encore à l'honneur? La réponse en octobre.
Source: Le Figaro